Tenebrae

 

Le temps de la Passion termine le Carême. Cette période (du dimanche des Rameaux au Samedi Saint) était à Versailles l’occasion de grandes cérémonies.

 

L’office des ténèbres et la Passion du Christ sont depuis la Renaissance le support de nombreuses œuvres dramatiques. Ces offices commémorent la mort du Christ, sa mise au tombeau, sa descente aux Enfers et sa résurrection. Fixés au VIIIe siècle, ils sont célébrés aux trois derniers jours de la Semaine Sainte (Triduum Sacrum) en réunissant les Matines (fin de la nuit) et les Laudes (début du jour), d'où le nom d'Office des Ténèbres.  

 

A l'origine, les matines de chacun des  trois jours de cette semaine étaient organisées autour de trois nocturnes.  Chaque nocturne comportait trois psaumes, suivis de trois leçons elles-mêmes suivies de répons. Alors que les deuxième et troisième nocturnes mettent en œuvre des textes de saint Augustin et de saint Paul, le premier nocturne utilise les Lamentations de Jérémie (Ancien Testament), relatant la destruction du temple de Jérusalem. Une véritable mise en scène liturgique théâtralisait ces moments. Quinze cierges fixés sur un chandelier triangulaire étaient éteints les uns après les autres, symbolisant ainsi les dernières souffrances du Christ. Seul restait allumé le plus haut placé, jusqu’à la fin des Laudes.

 

Pour des raisons pratiques l’office pouvait être avancé à la fin d'après midi (aux Vêpres) du jour précédent, autrement dit  aux  Mercredi, Jeudi et Vendredi saints, avec pour conséquence de devenir l'occasion d'une élaboration musicale particulière. En Italie dès le XVIe siècle, ces passages du Livre des Lamentations furent mis en musique purement vocale, sous une forme polyphonique, qui contrastait déjà avec le chant grégorien des Offices eux-mêmes. Mais ce n'est qu'en France, au plus tôt sous le règne de Louis XIII, que l'on invente le genre des Leçons de Ténèbres, en traitant ces parties vocales de manière mélismatique avec accompagnement d'une basse continue instrumentale.

 

De nombreux compositeurs français du Grand Siècle ont imaginé des Leçons de Ténèbres, le plus souvent à une ou deux voix accompagnées par un petit orgue ou un clavecin (Campra, Bernier, Brossard, Nivers, Couperin, Delalande, Lambert, Charpentier…), à l’exception de Guillaume Bouzignac et de Jean Gilles qui continuèrent l’écriture polyphonique. 

 

Le programme proposé ici s’articule autour des Secondes Leçons de Ténèbres de chaque jour de la Semaine Sainte de Charles Henri de Blainville (1711 - ca 1770) alternant psaumes (plain chant), leçons chantées & répons à l’orgue.

 

 

 

4 musiciens (3 chanteurs - orgue